Synopsis
Ayant quitté son Isthmir natale pour la fournaise du désert de Khull, Myst le voleur mène une existence solitaire à Puits-aux-poisons, la ville la plus mal famée du royaume. Mésestimé par ses pairs, il transgresse volontiers les ordres d’une confrérie qu’il juge gangrenée par la corruption.
Sa vie bascule quand, lors d’un cambriolage nocturne, il est arrêté par la garde et condamné à recevoir le Jugement de la déesse Shara dans la sanglante arène de Khullan. Ruminant sa vengeance contre le confrère qui l’a trahi, il s’apprête à y affronter le Torglath, la plus féroce et redoutable des créatures vivant ici-bas. A-t-il la moindre chance de survivre à ce terrible combat ? Et qui est cet homme à l’apparence étrange, couronné de saphirs, qui le dévisage intensément du haut de la tribune royale ?
Introduction chapitre 1
L’histoire
du Royaume de Khull est l’une des plus insolites et passionnantes qu’il m’ait
été donné d’étudier. Les écrits sont rares à son sujet, et malgré des années de
recherche, je dois admettre que nombre de ses mystères me sont encore celés.
Les
khullanis eux-mêmes restent vagues quant à leurs origines, bien qu’il soit
avéré que les premiers colons étaient des fugitifs urkanis. Les motifs de leur
exil sont incertains : étaient-ce des opposants politiques, des parias, ou
des fous poussés par la simple curiosité ? Nul ne saurait le dire.
Quoiqu’il
en soit, des hommes et des femmes descendirent un jour la barre de Vark et
bravèrent l’hostilité du désert en quête d’une terre habitable. Le manque d’eau
et de nourriture eut raison des plus faibles, et seule une poignée de
survivants parvint jusqu’à la première oasis. Aujourd’hui connu sous le nom de
Puits-Tari, ce site fut longtemps leur unique asile. Le point d’eau fournissait
en abondance les vivres nécessaires à une population réduite, et la vie
s’organisa en sa périphérie. En ces années paisibles, de nouvelles familles se
créèrent et prospérèrent grâce à la culture de l’astrefeuille et des pois
noirs. Chacune vivait indépendamment des autres, édictant ses propres règles,
mais l’accroissement rapide de la population rendit bientôt nécessaires
l’établissement de lois communes et l’élection de représentants.
Selon
la légende, Khull, un jeune guerrier qui s’était illustré par sa bravoure lors
de la grande traversée, était si respecté et adulé de tous qu’on lui attribua
les pleins pouvoirs à l’unanimité. Cela prête à sourire et pour ma part, je ne
puis me résoudre à penser qu’il ait acquis ce statut autrement que par la
force. Selon les propres écrits de la prêtresse Grava de Shara, Khull était
« un homme nerveux aux penchants violents, porté sur les plaisirs cruels
et mesquin en amour ». Un khullani orgueilleux ne manquera pas d’y lire la
frustration d’une femme délaissée, mais nombre d’érudits s’accordent à affirmer
que le roi Khull ne possédait pas toutes les qualités que lui accordent les
légendes.
D’après la Brève histoire du désert de Khull de
l’érudit voyageur Gromir de Vilgrith
Extrait chapitre 2
Le soulagement qu’il éprouvait à se retrouver détaché était
une bien maigre consolation. Le gardien lui ordonna sèchement de se mettre
debout. Myst obéit avec difficulté : ses jambes étaient engourdies par de
longs jours d’immobilité. Il se retourna pour saluer Zak d’un hochement de tête.
Le trafiquant lui adressa un clin d’œil.
— On se retrouve de l’autre côté, petit, dit-il en
guise d’adieu.
Son apparente alacrité n’était qu’une façade : quelques
minutes plus tôt, Myst l’avait vu blêmir à la vue des restes sanguinolents du
vieillard portés par deux hommes sur une litière. Le voleur avait lui-même eut
du mal à ne pas rendre son maigre repas.
Le garde le tint par le bras d’une main ferme et l’entraîna
hors de la cellule. Au bout du couloir, une sentinelle veillait d’un œil morne
au bon déroulement des opérations. Même s’il en avait eu la force, Myst
n’aurait pu s’échapper. À quoi bon, de toute façon ? Mourir sous le coup
de leur épée ou dévoré par un fauve, quelle différence ? Il se laissa donc
docilement guider le long de l’odorant boyau.
Dans les cellules adjacentes, d’autres prisonniers moribonds
attendaient la mort. S’ils n’étaient pas envoyés ce jour même dans l’arène, ils
périraient lors d’un prochain Jugement ou succomberaient aux mauvais
traitements de la garde.
Un silence de tombe régnait sous l’arène, seulement
interrompu par le sourd écho des acclamations du public, au-dehors. Myst eut
une pensée triste pour l’adolescent qui vivait ses derniers instants. Quels
tourments endurait-il, en ce moment même ?
Le contact d’une main froide sur son poignet le tira
brusquement de sa mélancolie : alors qu’il passait tout près des barreaux
d’un sombre cachot, un prisonnier hirsute s’était précipité pour l’agripper
avec une vivacité étonnante.
— C’est toi ! s’exclama-t-il d’une voix
rauque. C’est toi le compagnon du lézard !
Surpris, Myst tenta en vain de se dégager d’une secousse. Le
garde tira sur son autre bras avec un grognement rageur, mais la poigne du
captif était remarquablement ferme. Voyant que ses efforts étaient inutiles, il
lâcha Myst et dégaina la dague qui pendait à sa ceinture.
— Lâche mon prisonnier, le timbré ! Lâche-le ou je
te coupe le bras !
L’intéressé ignora la menace et continua sans quitter le
voleur de ses yeux injectés de sang :
— Elle me l’avait bien dit que je te trouverais, elle me l’a
dit : « le lézard bleu ! Trouve le lézard bleu et le voleur
aux yeux verts ! » Tu lui diras, hein ? Tu lui diras de venir me
voir ?
Décontenancé, Myst jeta un regard interrogateur au geôlier,
qui haussa les épaules avec indifférence.
— Je ne pourrai rien dire à personne, mon brave. Je vais
mourir dans l’arène, fit-il remarquer, avec regret, à l’homme hagard.
— Non ! affirma l’autre d’un ton catégorique. Les yeux
verts ne doivent pas mourir ! La récolte ne fait que commencer !
Au dehors la clameur du public redoubla d’intensité. Le
garde inclina la tête puis grommela d’un air menaçant, à l’intention du
prisonnier :
— Tu entends, le timbré, le petit vient de se faire
trucider. C’est au tour de celui-ci maintenant. Si tu ne le lâches pas
immédiatement, tu peux dire adieu à ta main.
Le captif défit son étreinte avec une douceur presque
affectueuse et éloigna lentement sa main des barreaux rouillés, sans quitter
Myst de ses grands yeux effarés. Le gardien, pressé, lui agrippa le bras sans
ménagement pour l’éloigner de la cellule.
Alors qu’ils se dirigeaient vers la porte de l’arène, ils
entendirent le bruit d’un corps heurtant violemment le métal.
— Les yeux verts en jupette chevauchent la bête !
Les yeux verts en jupette chevauchent la bête ! hurla le fou en se cognant
convulsivement contre les barreaux de sa cellule.
Au côté de Myst, le garde secoua la tête avec un soupir
presque compatissant.
— Il a complètement perdu la raison, expliqua-t-il.
Myst allait répliquer qu’il s’en était bien rendu compte par
lui-même quand la porte s’ouvrit à la volée sur deux gardes transportant une
litière. Assailli par l’aveuglante lumière du jour, il ferma un instant les
yeux. Lorsqu’il les rouvrit, il se sentit défaillir : sur la litière maculée
de sang gisait le corps méconnaissable de l’adolescent, qu’on eût dit
déchiqueté à coups de griffes puissantes. Le jeune voleur eut un violent
haut-le-cœur alors que dans son dos le fou continuait à chantonner
inlassablement la même phrase, comme une comptine d’enfant venue
d’outre-tombe.
Extrait chapitre 11
— Tire la langue.
Il s’exécuta en levant les yeux au ciel. C’était ridicule.
Chaque fois la même rengaine : Cavar entrait en trombe dans ses
appartements, sans prendre le temps de s’annoncer, puis l’inspectait
méthodiquement sous toutes les coutures, comme un cheval de course. Il releva
le menton de son fils et lorgna d’un œil expert le fond de sa gorge, à la
recherche du moindre changement. Mépris. Dégoût. Perplexité. Azar identifiait
le moindre de ses sentiments, aussi clairement qu’il aurait reconnu l’odeur
d’un cochon grillant lentement sur une broche. Il avait tenté de lui expliquer,
un jour, mais son père n’avait pas semblé comprendre, ou peut-être ne
l’avait-il même pas écouté. S’il avait eu conscience d’être percé à jour aussi
facilement, il se serait tenu à distance respectable des glandes qui
tapissaient son palais.
Cavar finit par hocher la tête, satisfait. Azar referma la
bouche avec soulagement, mais le goût déplaisant allait persister quelques
minutes. Lorsque le roi lui fit signe de se retourner, il obéit sans broncher,
comme un pantin. Comme toujours, Cavar tâta le bas de son dos à la recherche
d’une éventuelle excroissance. Le prince se sentait humilié par ces
attouchements indélicats. Il prit néanmoins son mal en patience et se laissa
faire.
— Bien. Au moins, pour l’instant, rien de neuf de ce
côté, conclut Cavar.
Azar se retourna lentement vers son père.
— Évidemment, rien de neuf. Ça ne va pas pousser en une
nuit !
— Mais le jour où ça arrivera, nous aurons un sérieux
problème, mon fils. Mieux vaut s’y préparer au plus tôt !… Nous n’avions
pas prévu ça, ajouta-t-il en désignant les bosses sur son front. Encore un
détail qui risque de contrarier ta vie mondaine !
Le prince ne répliqua pas. Il suivit son père des yeux comme
celui-ci se dirigeait d’un pas déterminé vers le salon.
— Raka, viens voir ! cria-t-il d’un ton
péremptoire en passant la tête par la porte entrouverte.
La domestique interrompit le dépoussiérage de la
bibliothèque et suivit son roi jusqu’à la chambre où se tenait Azar. Debout, à
moitié nu, il fixait son reflet dans le miroir. Il se reconnaissait, tout en
ayant l’impression de contempler le corps d’un autre. C’était une sensation
étrange, indéfinissable.
La pression des larges doigts de son père contre son front
le sortit brusquement de sa rêverie.
— Alors, dis-moi. Qu’est-ce qu’on va faire avec ça,
maintenant ?
— Eh bien, pour l’instant, un turban bien ajusté suffira à
les cacher. Il devra le porter en permanence, et les gens se poseront des
questions, au début, affirma la domestique en tâtant à son tour le front du
prince.
— Il y a bien longtemps que plus personne ne s’étonne de mes
excentricités, intervint Azar. Ça leur fera un nouveau sujet de
conversation, de quoi les tenir en haleine une bonne semaine !
— Et si ça s’étend ? s’inquiéta Cavar en feignant de
n’avoir pas entendu la remarque acerbe de son fils.
Raka suivit du bout de l’index le contour des bosses et tâta
son front plus bas, au-dessus des sourcils, là où se devinaient déjà les
aspérités naissantes. Azar écarta son bras d’un geste impatient.
— Cessez un peu de me tripoter comme ça, je ne suis pas une
pièce de viande ! ronchonna-t-il en adressant une grimace à son reflet.
Raka l’ignora superbement et se tourna vers Cavar. Azar ne
se serait pas senti plus vexé si elle l’avait grondé comme un enfant. Ils
scrutaient son corps, ne l’écoutaient pas et parlaient de lui comme s’il
n’était pas là, sans oser le regarder dans les yeux, comme ils auraient évoqué
le cas désespéré d’un simple d’esprit incapable de comprendre ce qui lui
arrivait. Il inspira longuement pour contenir sa rage et observa d’un œil noir
ses aînés dans le miroir.
— Cela va s’étendre, sans aucun doute, diagnostiqua Raka en
triturant le bout de son menton ridé. Nous lui ferons porter l’un de ces
grands turbans du nord, avec le repli sur le devant, dans un premier temps.
Ensuite, si ça continue, je crains qu’il ne faille lancer la mode du voile
masculin, suggéra-t-elle avec un demi-sourire embarrassé.
Cavar fit la grimace et reporta son attention sur son
monstre de fils. Azar croisa son regard noir. Dégoût et commisération… Il
explosa.
— Et pourquoi ne pas me couper les couilles une bonne fois
pour toutes, hein ? Allez-y, travestissez-moi, taillez-moi des vêtements
de poupée, faites-moi passer pour le dernier des pervers ! Je m’en
fous ! De toute façon je finirai derrière un masque de bouffon, et quand
je serai trop las de me grimer comme une catin j’irai me présenter à la foule
tel que je suis ! Elle me lynchera et c’en sera enfin fini de ces
subterfuges grotesques !
Les yeux exorbités, le souffle court, il se retourna pour
les foudroyer du regard. Sa poitrine se soulevait à un rythme effréné. Il
devait avoir l’air d’un dément. Raka recula de quelques pas sous l’effet de la
surprise. Elle ne l’avait jamais vu dans cet état, lui qui s’énervait si
rarement. Quant à Cavar, il ne paraissait pas impressionné le moins du monde par
le soudain accès de rage du prince. Il se contenta de hausser les sourcils,
puis tourna les talons sans un mot.
Mépris, pensa
Azar. Voilà tout ce que je parviens à lui
inspirer. Il fut alors pris du désir insensé de courir sur ses talons, de
le mettre à terre et de l’étrangler, de serrer fort, toujours plus fort,
jusqu’à trouver une lueur de crainte respectueuse dans ses yeux glacés.
Le regard éperdu de Raka allait d’un homme à l’autre.
Immobile dans l’encadrement de la porte, elle semblait retenir sa respiration,
comme si le moindre souffle d’air pouvait attiser la colère du prince. Si elle
avait été un monstre, elle aussi, elle aurait senti l’âcreté de la haine, comme
un goût de sang au fond de sa bouche. Mais elle n’était pas comme lui, personne
n’était comme lui. Il était seul, irrémédiablement seul.
Il referma la porte sans violence, soudain très las, tourna
le miroir maudit face au mur et se recoucha.
Introduction chapitre 15
En dépit du profond dégoût que lui inspirait le personnage, le grand mage
se composa une expression courtoise. Même chez les sauvages, il n’oubliait pas
ses bonnes manières.
— Salut à toi, mon brave. L’on m’a dit qu’un puissant mage vivait sur cette
île. Je dois m’entretenir prestement avec lui. Aurais-tu l’amabilité de
m’annoncer ?
Le laideron fixa Grutor sans rien dire. Il n’était pas aisé de
déchiffrer son expression, mais il sembla au mage qu’il esquissait un sourire
narquois. À moins qu’il ne s’agît d’un haussement de sourcils étonné. Mais
puisqu’il n’avait pas de sourcils, difficile d’en être certain…
— Et qui l’demande ? finit par demander la chose.
La musicalité de son timbre grave étonna Grutor. Comment une si vile
créature pouvait-elle avoir une plus belle voix que lui ? Mais le plus
humiliant, c’était qu’un être vivant pût ignorer son existence ! Lui, le
grand mage Grutor, qui avait démantelé l’ignoble secte des invocateurs masqués,
lui le Favori de la reine Garminda, qu’il avait sauvée de maints dangers, grand
Découvreur du sort de Lumière Aveuglante et Pourfendeur de l’Hydre des Glaces,
mais comment diable ce rustre pouvait-il ne pas le reconnaître ?
Impensable… Peut-être avait-il une mauvaise vue. Il n’avait probablement pas
remarqué le grand élan brodé sur sa tunique…
Grutor bomba donc le torse en montrant son plus beau profil, persuadé que
le monstre allait s’écrier Mais bien sûr,
grand mage Grutor ! Quel idiot je fais ! puis tomber à ses
pieds, ébloui par sa lumineuse magnificence. Mais l’autre ne réagit pas. Pire
encore, il eut l’outrecuidance de mordre à pleines dents le cou gracile du
cormoran, aspergeant le blason immaculé du mage d’une gerbe de sang tiède. Les
os craquèrent sous ses petites dents jaunes et une pluie de plumes noires
s’abattit sur le mage incrédule.
Au bord de l’explosion, Grutor inspira profondément, puis expira lentement.
Il annonça enfin, avec une solennité affectée :
— Je suis Grutor, Grand Mage des plaines glacées de Kizefgurg, Protecteur
du Royaume du Nord, Champion de la Reine Garminda, Exécuteur du Troll de Miurg…
— C’est bon, le coupa grossièrement le monstre avec un vague mouvement de
sa main disproportionnée. Ton nom me suffit. Je me fous que t’aies empalé
le Torglath des mers ou coupé les couilles de Zedorg en personne. Qu’est-ce que
tu lui veux au mage ?
Grutor déglutit péniblement et serra les poings pour retenir l’arc de
foudre qu’il s’apprêtait, malgré lui, à abattre sur l’arrogant laideron. Il se
jura de le carboniser dès qu’il aurait obtenu les renseignements nécessaires à
l’accomplissement de sa mission, et cette perspective lui donna la force de
garder son calme.
— Je n’ai pas de compte à rendre à un individu de ton espèce, répliqua-t-il
en lui jetant un regard dédaigneux. Contente-toi de me mener au mage. Il
s’agit d’une mission de la plus haute importance, dont la grandeur
t’échapperait probablement. Tu es bien trop… vulgaire.
— Hmmm… Encore une histoire de princesse enlevée, hein ? Cela
fait des siècles que je n’ai pas quitté cette maudite île, mais j’imagine
qu’ailleurs rien n’a changé. Il y a toujours, quelque part, une sombre conne
qui tombe dans un piège, et un type encore plus con pour voler à son secours.
Si tu veux un bon conseil, laisse-la crever et trouve-toi une femme avec de
l’esprit, mon grand.
Cette fois, Grutor n’y tint plus. Malgré son légendaire sang-froid, malgré
son irréprochable éducation et son sens de la mesure, il explosa.
— C’est intolérable ! Je vais te faire regretter tes vilaines paroles,
manant ! cracha-t-il en abattant son arc de foudre sur le vil personnage.
La puissance de l’éclair fut telle que toutes les créatures vivantes à dix
lieues à la ronde furent momentanément sourdes et aveugles. Mais le soulagement
qu’il ressentit alors était indescriptible.
Satisfait, il reprit son exploration de la surface rocheuse. Une forte
odeur de brûlé lui irritait les narines et un épais nuage de fumée rendait ses
recherches difficiles, mais qu’importait… Il avait vengé l’honneur bafoué de sa
chère Garminda…
— T’as vraiment deux trous du cul à la place des yeux, on dirait.
Le Grand Mage sursauta avec un petit cri aigu. Personne n’avait jamais
survécu à son sort foudroyant de lumière, pas même l’Hydre ! Pourtant, le
monstrueux personnage se tenait juste derrière lui, penché par-dessus son
épaule, les bras derrière le dos. Dans l’une de ses mains, le corps calciné du
cormoran se balançait doucement. Pour la première fois de sa vie, Grutor eut un
imperceptible tremblement...
L’individu suivit le regard du mage et secoua la tête.
— C’est malin, bougonna-t-il en brandissant l’oiseau mort. J’ai
horreur de la viande cuite.
Puis il écarta du revers de la main un rideau de branchages pour révéler
l’entrée étroite d’une grotte profonde. Il y pénétra et fit signe à un Grutor
flageolant de le suivre.
— Mais… bredouilla ce dernier. Qui êtes-vous ?
— Mage Kaldius… Serviteur déchu de Zedorg, Pourfendeur du Kraken des
Abysses, Immortel… annonça la chose en singeant la présentation ampoulée de
Grutor. Enchanté, ajouta-t-il en lui tendant une main poisseuse couverte de
sang noirâtre.
D’après Les aventures extraordinaires du Grand Mage
Grutor de Kizefgurg, de Bortor le miurgi.
Malgré un personnage plutôt classique de puis Brent Weeks, on voit trop de voleurs, les extraits paraissent plutôt intéressants et je me laisserais bien tenter par la lecture du premier tome. Les couvertures ne sont pas adaptées à un roman de fantasy mais font plutôt penser à un roman historique, du coup j'hésite.
RépondreSupprimerBonjour et merci pour votre commentaire ! En effet le personnage de voleur est un grand classique, mais rassurez-vous, celui-ci n'aura plus trop l'occasion d'exercer après son passage dans l'arène (sauf quand les circonstances l'exigeront, un tel talent est toujours utile !). Son statut de voleur est davantage un prétexte pour découvrir au fil des tomes son passé trouble, que je ne dévoile que par petite touches. L'histoire n'est pas centrée que sur lui, mais aussi sur le personnage du prince. Vous me direz "oh tiens un prince, que c'est cliché!", mais celui-ci est plus qu'atypique et pour le moins ambigu (je n'en dis pas plus, ça tuerait le suspense !). Enfin cette oeuvre n'a absolument rien d'historique, il s'agit bien de fantasy pure ! En espérant que vous vous laisserez tenter et apprécierez le voyage...
RépondreSupprimerAmicalement,
Hélène